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Le second mandat de Donald Trump change les relations entre les États-Unis et l’Europe. Avec des alliances remises en question et un focus sur les intérêts américains, ce mandat pose des questions sur l’avenir de la coopération internationale et le rôle de l’Europe dans le monde.
© CA-Indosuez
L’Europe indépendante des États-Unis ?
Depuis l’élection de Donald Trump, les alliances pour la défense de l’Ukraine ont été bousculées. Face à un président américain dont le soutien devient incertain, l’Europe tente de repenser ses stratégies en vue d’une nouvelle indépendance.
Par la rédaction

©Colette Mazzucelli est l'auteure et/ou la rédactrice en chef de sept (7) ouvrages analysant l'intégration européenne et les relations internationales, notamment « La France et l'Allemagne à Maastricht : Politiques et négociations pour la création de l'Union européenne » ,
La place de l’OTAN au sein de la diplomatie américaine a changé depuis début janvier. Créée après la Seconde Guerre mondiale pour faire face au bloc soviétique, l’organisation avait notamment pour but d’assurer la défense de l’Europe, tampon entre les États-Unis et le monde communiste. Aujourd’hui, la nouvelle politique américaine exige que les Européens assument eux-mêmes le financement et la responsabilité de leur défense. « Les États-Unis déplacent progressivement leurs priorités vers l’Asie. De ce fait, ils abandonnent aux Européens la responsabilité de leur propre sécurité », explique Colette Mazzucelli, professeure en relations internationales à l'Université de New York et spécialiste de la résolution des conflits.
Selon elle, les Européens n’étaient pas préparés à un changement aussi radical et rapide. Habituée à être protégée par les États-Unis grâce à l’OTAN, l’Europe se retrouve dans une position inconfortable. « C’est la première fois qu’ils doivent assurer seuls la défense du continent », précise l’experte. Le principal obstacle des États membres reste le contexte économique tendu dans lequel ils se trouvent. Ils doivent parvenir à trouver un équilibre entre les nouvelles dépenses de défense et les contraintes budgétaires déjà limitantes. Les opinions publiques ne sont pas unanimes concernant l’OTAN, perçue comme un outil diplomatique et militaire purement américain.
Vers une coalition européenne
Dans ce cadre, le président français, Emmanuel Macron, veut s'affirmer comme un leader européen déterminé à avancer vers une Europe de la défense. Il souhaite se rapprocher de son voisin britannique pour collaborer. « Je ne vois pas comment ils peuvent parvenir à une indépendance sans une coopération entre la France et le Royaume-Uni », déclare la professeure. Elle pense que le Royaume-Uni voit la situation avec lucidité, malgré l’obligation de s’éloigner de l’allié transatlantique. La volonté commune de la France et du Royaume-Uni de bâtir une coalition européenne en faveur de l'Ukraine sans la puissance américaine marque un tournant diplomatique.
Cette initiative de stratégie commune est aussi soutenue par l’Allemagne. Mais l’histoire rend encore le sujet sensible à Berlin. « Le moment est venu pour l'Allemagne de s’impliquer activement dans la défense européenne », affirme la spécialiste. Au sein de l’Union européenne, des divergences apparaissent. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, entretient des relations étroites avec

Il est difficile pour l’Europe de prendre sa dépendance ©Mathilde Potel
Donald Trump, et sa position est ambivalente. Quant à la Hongrie et à la Slovaquie, elles ont adopté des positions plus réservées face à un engagement militaire accru. Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, a une vision de l'Europe qui diffère de celle de la plupart des autres dirigeants européens. Le samedi 1er mars, il a demandé à l’Union européenne d’amorcer des négociations avec la Russie et a menacé de bloquer le prochain plan d’aide militaire à l’Ukraine. Son homologue slovaque, Robert Fico, partage le même avis. Pour eux, seule compte une paix aux conditions russes.​
Une réunion d’urgence
« La diplomatie, ce sont des relations humaines », rappelle Colette Mazzucelli. L’Europe l’a bien compris en organisant un sommet le jeudi 20 mars 2025 à Bruxelles. Au sein des 27 pays de l’Union européenne, des craintes se faisaient ressentir quant à un effondrement imminent de l'alliance transatlantique. Un sommet organisé seulement deux semaines après le dernier de l’Union européenne sur l’Ukraine et la défense. Comme la fois passée, les dirigeants européens n'ont pas réussi à s'entendre sur un nouveau plan de soutien militaire à l'Ukraine. La Commission européenne souhaitait une aide à hauteur de 40 milliards d'euros. Les dirigeants européens se retrouveront le 27 mars à Paris pour un nouveau sommet.